Buffles en Zone Humide

Buffles en Zone Humide

c-ALIMENTATION DES BUFFLES

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Alimentation des buffles

 

La plupart des buffles se trouvent dans des pays où les cultures et les pâturages sont peu abondants. Le bétail doit se contenter de fourrages médiocres qui sont parfois complémentés avec un peu de verdure ou des sous-produits céréaliers et oléagineux. Le plus souvent les rations sont tellement limitées que rares sont les animaux ayant une alimentation équilibrée mais les buffles semblent pourtant bien se tirer d’affaire malgré cet environnement peu favorable.

L’essentiel de l’alimentation du buffle est constitué de produits tropicaux, de branchages et de résidus de récoltes. La paille de riz est un aliment de choix. Les branches d’arbre ont le mérite de servir à la fois de nourriture, de combustible et de bois de construction. Elles peuvent fournir jusqu’à 100 tonnes de nourriture à l’ha. Elles sont presque toujours coupées dans l’arbre et transportées dans l’enclos des buffles.

 

Dans les régions développées, les buffles reçoivent  généralement la même nourriture que les bovins. Ils profitent très bien d’une bonne gestion des pâtures et les petits grossissent souvent plus vite que leurs homologues bovins.  

 

 

Engraissement

 

Nous manquons de données pour comparer de façon certaine les vitesses d’engraissement des buffles et des bovins. De nombreuses observations conduites un peu partout dans le monde montrent cependant que la vitesse d’engraissement des buffles est rarement inférieure à celle des bovins de la même région.

 

Des essais comparatifs pratiqués sur l’île de la Trinité au début des années soixante ont montré que sur une période de 20 mois les buffles prenaient 720g par jour contre 630 pour les bovins paissant la même herbe. D’autres études menées au Venezuela, Philippines, Australie, Papouasie Nouvelle Guinée, Bulgarie et Brésil vont dans le même sens ou placent buffles et bovins sur un pied d’égalité. 

 

Qualité de digestion

 

Des spécialistes indiens de la nutrition animale ont étudié le buffle d’eau ces dernières décennies. La plupart  en ont conclu que la digestion du buffle est plus efficace que celle du bovin. Une expérience menée à partir de cellulose de paille de blé a montré qu’elle était digérée à  24,3% par les bovins contre 30,7% par les buffles. Avec le trèfle d’Alexandrie les pourcentages deviennent respectivement 34,6% et 52,2%. Un autre essai comparatif conduit avec de la paille, donne 64,7% et 79,8%. Les lipides, le calcium, le phosphore et l’azote, que ce dernier soit protéiné ou non, sont également mieux digérés par les buffles. Comme l’ont montré plusieurs équipes de recherche indiennes, cette capacité à bien digérer les fibres peut être due à la flore microbienne de leur panse qui transforme la nourriture en énergie plus efficacement que chez les bovins (production plus rapide d’acides gras volatiles dans la panse). Ce fait n’explique pas à lui seul la propension du buffle à tirer partie de fourrages de piètre qualité. Il faut en chercher la cause également dans d’autres facteurs comme l’ont fait d’autres chercheurs qui avancent les hypothèses suivantes :

 

1-     Plus d’absorption de matière sèche

2-     Transit intestinal plus lent. Ce point est contesté par une étude qui doute de la supériorité de la digestion du buffle sur celle du bovin.

3-     Une rumination plus favorable à la transformation des ammonitrates

4-     Moins de déperditions dues aux hydrates de carbone solubles dans la digestion de la cellulose

5-     Meilleure capacité à surmonter le stress.  En Papouasie Nouvelle Guinée les bovins sont perturbés par la chaleur et l’humidité pendant la saison des pluies et mangent moins, alors que les buffles conservent leur appétit toute l’année ce qui explique leur meilleure forme.

6-     Une plus grande variété des plantes ingérées

7-     Une flore intestinale différente

Dans les endroits où l’alimentation est très pauvre et où il n’y a pas possibilité d’apporter d’aliments concentrés, de bons résultats ont été obtenus avec des pierres à lécher à base d’urée.

 

Vitesse d’engraissement

 

Bien que la période de gestation de la bufflonne soit supérieure d’un mois à celle de la vache, le jeune bufflon pèse entre 35 et 40 kg à la naissance c’est à dire autant qu’un veau Holstein. Mais comme le lait de bufflonne contient environ 2 fois plus de matières grasses, le petit buffle grossit très vite. Il supporte ainsi moins bien le sevrage qui devra se faire progressivement. Les buffles peuvent être commercialisés comme broutards adultes entre 2 et 3 ans, parfois moins. En Indonésie on a remarqué que les buffles pouvaient se vendre 6 mois plus tôt que les zébus car ils font jusqu’à 100 kg de plus. En Egypte de jeunes buffles pesaient 360 kg à l’âge d’1 an après avoir reçu une alimentation supplémentée. En Amazonie brésilienne des essais comparatifs menés sur des pâtures complémentées avec des minéraux ont montré que les buffles s’engraissaient plus rapidement que les bovins. A 2 ans les buffles méditerranéens pesaient 369 kg en moyenne, les buffles des marais 322 kg et les buffles jafarabadi 308 kg. Les zébus testés en même temps atteignaient 265 kg et les croisements zébus/charolais 282 kg.

 

 

Préférences alimentaires

 

Les buffles mangent plus de variétés différentes de plantes que les bovins. Des inondations en Amazonie brésilienne avaient poussé le bétail vers des îlots surélevés. De nombreux bovins ont souffert du mal de pieds ou sont morts de faim. Les buffles de leur côté ont nagé vers des îles flottantes de plantes aquatiques à la dérive pour les manger. Ils ont également plongé à 3 mètres de profondeur pour paître les prairies inondées. Les buffles de l’université de Floride en bordure d’un lac mangeaient de bon gré de la vigne, du carex, du jonc, des algues et des feuilles ou des pousses de saule et autres arbres alors que les bovins ne mangent habituellement pas ces plantes. Dans le nord de l’Australie les buffles mangent les feuilles très épineuses du pandanus ainsi que le carex, les roseaux, les algues et autres plantes aquatiques. Dans la province du Queensland ils servent à débarrasser les pâtures des mauvaises herbes fibreuses délaissées par les bovins. Dans certains pays les bovins sont d’abord mis dans les pâtures pour qu’ils mangent le meilleur et ils sont suivis des buffles qui se contentent des restes.

 

D’après David J. Ligda dans "The Water Buffalo"

Traduction Jean-Pierre Ledunois



14/10/2012

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